mardi 1 avril 2008

Irises after Van Gogh - Vic Muniz

Il arrive des moments dans la journée où l’on se sent jaune. La jaunisse nous prend. Non pas l’idée de la maladie, mais cette espèce de folie qui nous prend, d’un peu partout du corps, entortillant les ficelles de notre esprit pour nous consacrer à cette espace Jaune qui se développe au-delà de notre cerveau, juste derrière, là, sous la nuque.

Cette espace jaune, sous ce soleil éblouissant nous donne une impression d’auréole et immédiatement, dans ce sentiment jaunesque, on se sent vêtu d’une illumination mystique, la gestuelle devient scénique, on se trouve douze comparses et la dernière Cène se joue. C’est le jaune qui envahie, un vin blanc, s’il vous plait! Le sang du Christ, loin d’être rouge, ou bleu (si l’on se réfère à l’idéologie noblastique de ces grands de France) est plutôt… couleur de blé. Le grain coule dans nos veines, puisque nous sommes faits à l’image de dieu. Oh, pardon : Dieu.
L’idée du moment jaune, derrière la nuque, peut être amplifiée par cet autre élément, plus perfide, plus menteur : Le bleu.

Le bleu est une couleur complémentaire du jaune, faisant en sorte, selon les décorateurs intérieurs, ressortir une égalité que l’œil appréciera. Mais ne nous laissons pas prendre par ce charabia esthétique oh combien trop rationnalisé. Le bleu envahie l’espace et emmène avec lui, puisque c’est une couleur sociale, le froid intense de looong mois d’hiver dépressif où, dans la recherche de maigre réconfort printanier, le plus petit réchauffement planétaire est le bienvenu, voire même, souhaité. Nous ne comprendrons jamais que ledit réchauffement est déjà dans notre hiver vraiment trop froid.

Non, décidément, le jaune est repoussé par ce bleu, un peu ciel, on ne sait pas trop. Ce jaune (pauvre de lui) doit migrer vers un endroit moins confortable, et un peu plus gênant. L’intérieur du coude.

Tout le monde le sait, l’intérieur du coude est un endroit peu recommandable. On peu y trouver de tout. C’est parfois une nuque inconnue, qui fait obstruction à la lumière, ou même un dos détestable de largeur. On peut également y retrouver nombre d’objets indésirables et incommodant à la pousse des iris hivernaux. Car comme on le dit, les iris hivernaux, ça pousse là où ça pousse, mais pas là où il y a des pommes de terre. Ce vieil adage dit tout, le sujet est clos.
Le jaune, retranché dans cet endroit peu accueillant (et ma foi, fort humide par les temps qui court) se retrouve tranquillement transformé en couleur moutarde, vibrante par les tons foncés qui bouillonnent dans sa composition. Mais peu à peu, ce moutarde se fait dominer par ses sombres passions beiges et blanc coquille d’œuf. Ah! Il disparaît, là!

Et voilà qu’on entend rire le bleu, un peu turquoise, un peu marine, mais bien ciel, toujours caché sous la nuque. On comprend alors que l’été sera pluvieux, cette année.

texte automatique d'à partir de la toile Irises after Van Gogh, par Vic Muniz.
Exposé au Musée d'Art Contemporain de Montréal

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