mercredi 14 mai 2008

la légalisation de l'avortement, une question philosophique

L’avortement a toujours été un sujet épineux, comme en témoignage la ‘guerre’ engagée entre les militants pro-vie (contre l’avortement) et pro-choix (pour l’avortement). Beaucoup de pays ont d’ailleurs encore une loi visant à empêcher les femmes d’avorter. Quant à un certain nombre d’autre, l’avortement est légalisé, mais uniquement si la santé de la femme ou du fœtus. Donc, si la femme ne désire pas d’enfant, pour n’importe quelle raison personnelle, mais que ni elle ni son bébé est en danger quant à la santé, elle devra malgré tout continuer sa grossesse à terme. Finalement, quelque pays ont tranché et conclu que l’avortement était un droit que la femme avait, peu importe les raisons invoquées.

En ce qui concerne le Canada, la bataille fut longue, mais le 23 janvier 1988, la Cour Suprême du Canada a tranché, et l’avortement est légal, sans restriction juridique. Mais il faut se mettre dans la situation pour mieux comprendre cet événement. Jusqu’en 1969, l’avortement a été illégal au Canada. Après cette année fatidique, le Canada fit un pas dans la modernité, en acceptant l’avortement, seulement si la grossesse représente un risque au niveau de la santé. Cette considération se faisait comme suit : un conseil de trois médecins, dans un hôpital devaient ensembles décider si la grossesse ou non était dangereuse et tranché en faveur ou non, de l’avortement. Malheureusement, le terme santé n’ayant pas été bien décrit, on distinguait des inégalités tout dépendamment des régions. Ainsi, certains hôpitaux étaient très permissifs, alors que d’autre étaient beaucoup plus sévère. En 1988, le docteur Henry Morgentaler a intenté une poursuite contre l’État, afin de légaliser l’avortement sous toutes ses formes. Et le 23 janvier, la Cours Suprême du Canada tranchait en faveur de Morgentaler, en modifiant la loi 251 afin de légaliser l’avortement. Depuis ce jour, n’importe quelles Canadiennes, peut importe ses raisons, peuvent se faire avorter.

Malgré tout cela, tout le monde n’est pas content et on se pose encore la question si la légalisation (ou décriminalisation) de l’avortement est une bonne chose. Si l’on regarde d’un point de vue philosophique, ont voit que la philosophie de Kant se range du côté des militants pro-vie et que la philosophie libérale se range dans le camp des pro-choix.

KANT

On peut considérer Kant comme pouvant être un potentiel pro-vie[1]. Celui-ci a établi un principe, soit celui d’universalisation. Celui-ci a pour idée que si nous voulons faire une action (d’importance, généralement) nous devons nous demander si nous voulons que ce principe soit universel. Ce principe doit se conformer à trois règlements et si l’un d’elles ne répond pas, nous pouvons considérer que cette action n’est pas morale. Nous allons regarder l’avortement uniquement au travers des trois règlements, mais dont deux, fait de manière conjointe. Les deux premières, qui seront examinés ensembles, sont : l’universalisation de l’action rendrait entraînerait l’action impossible et l’universalisation de l’action entraîneraient la destruction de l’humanité. Nous faisons ces deux règlements uniquement parce que répondre à la première, c’est la réponse à la seconde. Alors, si nous rendons le principe de l’avortement universalisable, c’est dire que toutes les femmes pourrait vouloir se faire avorter. Bien que cela paraisse à proprement dit impossible, toutes les femmes ne pourraient pas vouloir toujours et à chaque fois avorter, pour les besoins de la cause, nous allons faire comme si. Donc, si toutes les femmes voulaient avorter, ce principe deviendrait irréalisable puisque si toutes les femmes veulent avorter, nous pouvons considérer qu’il n’y aurait plus de grossesses. De ce fait, nous pouvons considérer que l’avortement, lorsqu’il est rendu à l’état universalité devient donc destructible pour la planète. L’humanité se détruirait lui-même au travers de l’avortement, en ne permettant pas la continuité de l’espèce. C’est donc en se sens que la première réponse répond également à la deuxième. Le principe devient irréalisable puisqu’il entraîne de ce fait la destruction de l’humanité


Ensuite, nous pouvons considérer la troisième requête du principe d’universalisation, soit que l’universalisation de l’action irait à l’encontre des intérêts fondamentaux de tout être raisonnable. Si l’on regarde les deux principes déjà énoncés plus haut, nous pouvons considérer que l’action d’universaliser l’avortement ne serait en aucun cas raisonnable. Tout être doté de raison et l’utilisant avec justesse sait que nous devons perpétuer la race humaine, sans quoi l’espèce humaine s’éteindra. C’est un devoir que nous avons de faire en sorte que la race humaine continue d’exister au-delà de notre vie propre. Par conséquent, l’universalisation de l’avortement serait rejetée par n’importe qui ayant un peu de bon sens. Nous pouvons donc conclure que, suivant son principe d’universalisation, Kant se serait opposé à cette pratique, d’où la raison pour laquelle nous pouvons le considérer comme étant un possible partisan du mouvement pro-vie et serait donc contre la légalisation de l’avortement.

LIBÉRALISME POLITIQUE

Quant un libéralisme politique, nous pouvons les considérer comme étant des pro-choix. Donc, pour eux, l’avortement est davantage une affaire personnelle que criminelle. Nous pouvons résumer l’opinion libérale comme suit : Chaque femme a le droit de faire ce qu’elle veut de son corps et de sa vie. Nous pouvons néanmoins diviser ce raisonnement en deux explications. La première est que l’État doit être au service des individus, et non l’inverse, car la fonction fondamentale de l’État est de protéger les droits des individus. Si l’on prend en considération que l’État[2] doit protéger ses citoyens, il est déraisonnable de penser que l’on doit contraindre une femme enceinte d’une grossesse non désirée (peu importe la raison). En effet, on peut considérer cela comme étant une atteinte à son droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne. Donc, étant donné que l’État se doit de protéger les droits de ses citoyens (incluant ceux des femmes), il se doit de ne pas interdire l’avortement, puisque c’est contraire à ses principes de protection assurée des droits de ses individus. Évidemment, certain diront que l’enfant à naître à également droit à la vie. Sauf que l’État canadien considère qu’une personne a le droit à la vie dès qu’il est né et pas avant, puisque alors se serait nier les droits de la mère, étant donné que l’avortement serait considéré comme étant un meurtre. On renierait donc un fois de plus les droits de la femme enceinte à la liberté, à la vie et à la sécurité, ce que l’État libéral ne veut en aucun cas.

Ensuite, il serait intéressant de se poser la question si l’avortement est une action au niveau personnel ou public. Si l’on commence en prenant considération que l’avortement est une question personnelle, il faut savoir que l’État doit limiter ses interventions sur la sphère publique et s’abstenir d’intervenir dans la sphère de la vie privée. Ce que cela veut dire, c’est que si on dit que l’avortement est une question d’ordre privée, l’État ne doit pas intervenir et interdire cette pratique, puisque selon le libéralisme politique, l’État n’a aucun droit dans la sphère privée. Par conséquent, l’État ne peut criminaliser un acte qui est personnelle à la personne, généralement la mère. Mais si l’on considère, par contre, que l’avortement est d’ordre public, par exemple, en invoquant les raisons d’universalisation de Kant mentionné plus haut, voulant que l’avortement entraîne la chute de l’humanité, l’État ne pourrait pas davantage criminaliser l’action. En effet, en partant du point que l’État doit le moins possible limiter ses interventions dans les affaires publiques, et qu’en plus, l’État se doit de protéger les droits et libertés de ses individus, il serait contraire à ses devoirs s’il criminalise l’avortement. Effectivement, comme mentionné plus haut, l’avortement serait un piétinement total des droits et libertés de la femme/future mère. Par conséquent, l’État se doit d’être pro-choix et d’accepter l’avortement comme étant légal, et ce, peu importe l’opinion de ses dirigeants[3].

MOI

Quant à moi, je suis une militante pro-choix. Mon idée s’accorde donc avec celle du libéralisme politique. Je considère que peu importe la raison pour laquelle une femme veut avorter, c’est avant tout une raison personnelle. On ne peut s’y opposer, c’est avant tout une décision unique à la personne concernée, soit uniquement la future mère. Il est évident que l’avortement est un choix difficile à faire et à accepter. Pourtant, depuis la légalisation de l’avortement en 1988, on peut voir qu’il n’y a pas eu de montée spectaculaire d’avortement pratiqué au Canada. D’autant plus que nous pouvons nous considérer comme étant tout à fait dans la moyenne mondiale. Également, dans 50% des cas, il y a avortement parce qu’il y a eu une défaillance des moyens de contraceptions. Donc, lorsqu’on parle d’avortement, il ne faut pas monte sur ses grands chevaux. De tout temps, il y a eu des avortements, légaux ou non. Ceux qui les pratiquaient étaient nommés comme étant les faiseurs d’anges. Et ces avortements n’étaient pas toujours sécuritaires. Donc, la légalisation de l’avortement, non seulement garantis les droits de la femme, mais en plus, lui garantit un avortement sécuritaire, pratiqué par des médecins spécialisés et dans un endroit sanitaire et adapté, avec tous services requis en cas de complication.

Finalement, la légalisation de l’avortement au Canada reste encore et toujours un sujet épineux. Les partisans du mouvement pro-vie peuvent évoquer Kant et son principe d’universalisation, donc que si l’avortement devient un cas général, il y aurait une destruction de l’humanité. Mais quant à leurs opposants (dont je fais partie), les pro-choix, ils peuvent évoquer les droits de la femme à la liberté, la sécurité de sa personne et à la vie. Malgré tout, il faut savoir qu’il est difficile de juger une femme qui se fait avorter sans se mettre dans sa situation. Et étant donné que chaque situation est différente, on ne peut, en toute justice, que légaliser l’avortement afin que toutes les femmes soient égales.



[1] Il faut se rappeler qu’il est mort, donc qu’il n’a plus d’opinion.

[2] Car lorsqu’on parle d’avortement, il est toujours question d’État et de ses lois.

[3] D’ailleurs, il est inquiétant de considérer que présentement, le parti conservateur essaie de remettre en question la légalisation de l’avortement. Le Canada ayant une politique libérale pourtant, on ne peut que s’inquiéter de ces tentatives rétrogrades qui va à l’encontre des droits de la femme.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

On apperçois une profonde incompréhension de Kant . . .
le tire est à rectifier, ne serait-ce que pour un interêt personnel ...

Mama a dit...

ah si? mais pourquoi le titre serait à changer? mais bon, là ce devoir est déjà donné depuis un bout, alors...!

Anonyme a dit...

le ti-r-e...

Mama a dit...

ah, je viens juste de voir, j'ai mal lis. j'ai vu titre au lieu de tire. ahah!

Anonyme a dit...

Kant fait une différence entre une personne et un membre de la race humaine. Une personne selon Kant est : Libre (intellectuellement), capable de distinguer le bien et le mal, le juste et l'injuste, être de raison. Un membre de l'espèce humaine serait donc : un handicapé mental, un foetus, un enfant (jusqu'à l'âge de la raison).

Aussi, selon le respect positif (faire en sorte que les autres aient accès à la liberté) et négatif (ne pas brimer la liberté de quelqu'un) de Kant. Le foetus fait partie du respect positif car il à le droit de vivre. La mère est dans le respect négatif car on ne peut pas brimer sa liberté qui est brimé par l'enfant.

Finalement, Kant ne va jamais défendre deux thèses contradictoire.

Mr.Berub

Anonyme a dit...

J'ai également une dissertation sur l'avortement et sur Kant à produire soit un paragraphe pour et un contre... Est ce que quelqu'un pourrait m'aider ??

Merci :)