mercredi 21 mai 2008

Un petit bijoux de littéture, caché sous des airs fleurs bleues - Odette Toulemonde et autres histoire, Eric-Emmanuel Schmitt (2006)

Alors que l’ère du roman est à son apogée, Éric-Emmanuel Schmitt a sorti en 2006 un petit bijou de littérature, sous forme de recueil de nouvelles. Mais avec un titre aussi banal que celui d’Odette Toulemonde, nul n’aurait cru que l’on pouvait retrouver huit nouvelles aussi charmantes que profondes dans ce livre. Ce livre fut écrit lors du tournage du film du même nom, réalisé par Schmitt lui-même.

Schmitt est un écrivain réputé de par ce monde. Ce monstre de littérature française est né en 1960, docteur en philosophie, il s’est avant tout fait connaître pour la qualité et l’excellence de ses pièces, souvent récompensé, voir même encensé, comme par exemple Le Visiteur, pièce de théâtre réalisé en 1993 qui a valut à Schmitt trois Molières d’Or. Bien qu’il ait écrit beaucoup de pièce de théâtre, il s’est également mis à l’écriture du roman, comme le démontre son Cycle de l’invisible. En incarnant un véritable touche-à-tout, il s’est ensuite mis à la réalisation d’un de ses propres textes, Odette Toulemonde, parut à l’écran en 2007. L’écriture du recueil s’est, comme je l’ai précédemment mentionné, écrit durant ce tournage.

Ce livre est un recueil de huit nouvelles fort différentes, mais ayant tous comme but d’encenser la femme, et sa recherche du bonheur, sa quête du bonheur. Mais au premier abord, ce livre peut sembler un peu quétaine, au relent suranné d’un kitsch débordant. Les personnages, chacun personnifiant un cliché en quelque sorte, (la milliardaire croqueuse d’homme, l’ouvrière pauvre, mais ô! combien heureuse) vit une histoire quelque peu banal, dont on se serait attendu davantage d’un écrivain un peu fleur bleue et débutant que de Schmitt, qui est un écrivain connu à travers le monde pour l’excellence de ses écrits. C’est, à vrai dire, le genre de livre qui, à première ressemblerait davantage à une mouture de Marc Levy, pour son romantisme gluant et les thèmes abordés (le bonheur, l’amour, etc.) Mais contre tout attente, le livre plait.

L’écriture plait, elle est fluide, coulante, se lit bien. Schmitt utilise un langage somme tout courant, afin de bien cerner ses personnages, sans trop de fla fla inutiles. Les personnages, quant à eux, sonnent tous incontestablement un peu cliché, et se ressemblent tous un peu. On peut effectivement voir un talent certain pour les langues (jusqu’à 6 langues parlées pour certaines!). Mais chaque personnage, un peu banal en soit, parfois même mal développé et un peu bancal (ne pensons qu’à la nouvelle Le Faux) doivent faire face à la maladie, à la mort, à la vieillesse, la solitude, etc., étalé de manière candide et fragile qui, sous un voile de surannée, révèle nos propres faiblesses et peurs.

De plus, la nouvelle principale du recueil, Odette Toulemonde démontre la fragile relation qu’entretient un auteur de best-seller, face à ses lecteurs et à la critique littéraire. Une nouvelle attendrissante, quoiqu’on ne puisse la considérer comme étant la meilleure du livre. On ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre l’auteur dans la nouvelle, Balthazar Balsan et l’auteur même du livre, Eric-Emmanuel Schmitt. Quand on connait la vie de l’écrivain, on ne peut en effet s’empêcher de voir une sorte de clin d’œil, d’auto-fiction sur sa propre vie.

Mais si la nouvelle Odette Toulemonde n’est pas la meilleure, celle intitulée L’intruse révèle néanmoins le talent certain de l’auteur pour nous donner des pistes, nous entraîner dans une histoire absurde et plutôt standard au premier coup d’œil pour finalement porter le coup final et nous laissé médusé, devant le génie de Schmitt pour nous démontrer une réalité d’angoisse et de tristesse, au travers d’un regard malade par la vieillesse. Cette nouvelle est, selon moi, le petit chef-d’œuvre caché de ce recueil.

Si certaines nouvelle nous laissent sur notre faim, d’autres nous stupéfient par leur capacité à nous toucher, par des thèmes qui, comme je l’ai mentionné plus haut, nous ressemblent. Chaque nouvelle a son univers propre, avec son thème propre, ses personnages clichés, mais dont on n’aurait pu se passer. Le message de Schmitt, loin d’être moralisateur, passe par la candeur que reflète chacune de ces historiettes, bonne pour nous faire réfléchir sur notre regard face à la vie, l’amour, la solitude, et autres grands questionnements humains. Pour apprécier ce recueil, il faut passer outre la mièvrerie qui, effectivement, transperce ces pages. Mais une fois passée cette étape, nous ne pouvons qu’apprécier ces histoires qui, sous une apparence trompeuse, sont plus profonde qu’on y aurait cru.

Odette Toulemonde, et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt, Édition Albin Michel, 2006.

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